Ma fac est d’orientation psychanalytique et surtout freudienne, à un niveau dogmatique. Comme tout dogme il n’est donc pas question d’ouverture sur d’autres courants. L’esprit est conservateur, pour ne pas dire très vieillot : les théories de Freud sont intéressantes mais elles ont pas loin de 80 ans et il y a eu plein de gens et gentes important.e.s après lui !
Du coup, c’est vrai qu’on ne nous a pas beaucoup (mais un peu quand même) parlé de psychanalystes masculins autres que lui. En revanche, on nous a parlé de chercheurs hommes dans toutes les autres matières. Quand on nous parle de femmes en psychologie, j’ai remarqué que c’est comme dans à peu près tous les domaines spécialisés : on dit toujours leur nom ET leur prénom : Balzac, Sartre… SIMONE De Beauvoir. Ici on n'y coupe pas non plus : MELANIE Klein, FRANCOISE Dolto, MARGARET Mead vs Freud, Lacan, Bandura, Winnicott Skinner, Maslow, Rogers, Pavlov, Erikson, Milgram, Moscovici, Binet...
Pourquoi préciser le prénom pour les femmes ? Pour qu'on sache que dans ce cas précis on parle d'une femme chercheuse et qu'on utilise les "bons" pronoms ? Ok, mais donc si je comprends bien, lorsqu'aucun prénom n'est précisé, tout le monde assume que l'on parle d'un homme. Car la norme lorsqu'on parle de personnalité ayant marqué un domaine spécifique, c'est qu'il s'agisse d'hommes. Arrêter de marquer une différence dans la manière de citer les chercheurs.ses et ensuite à utiliser le pronom approprié ne serait pas plus compliqué et amènerait peut être les gens à se questionner sur leur réaction de surprise lorsqu'ils entendraient "elle a fait telle chose importante"
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En TD de psychologie clinique, 8 textes nous ont été proposés pour faire des études de cas, un seul écrit par une femme : Mélanie Klein. Je connaissais de nom par mes lectures personnelles (notamment grâce à mes recherches sur le féminisme en psychologie). Evidemment j’ai choisi de travailler sur ce texte là. Dans le dossier à rendre, je devais travailler sur des critiques émises par un autre auteur vis à vis de Klein. J’ai choisi Anna Freud dont on ne nous a jamais parlé non plus alors qu’elle est littéralement la descendante de Freud !
Pour ceux qui ne les connaissent pas, elles ont en gros créé la psychanalyse pour les enfants à elles deux. Elles n’ont pas travaillé ensemble mais en opposition, car elles avaient de gros désaccords (et car les autres psychanalystes les y ont incitées), ce qui a permis de faire un bond énorme sur la prise en charge thérapeutique des enfants). En bref, elles ne sont pas n’importe qui !
Du coup, je trouve ça quand même hallucinant qu'on ne m'ait pas instruite avant sur l'apport de ces deux femmes brillantes à la psychanalyse, en 3 ans d'études en psychologie !
Il faut savoir que la psychologie est un domaine où les femmes sont beaucoup plus nombreuses que les hommes (85-90% de femmes en licence à vu de nez). J'aimerais donc bien qu'on m'explique pourquoi on nous parle de psychologues/chercheurs masculins 90% du temps. C'est quand même assez dingue, pour des gens qui passent leur temps à faire des statistiques de ne pas être foutus de nous faire un échantillon un minimum représentatif de notre population de base !
Au delà de toute cette culture phallocrate qui me désespère, je tiens à rendre hommage à l'une de mes profs qui nous a fait des cours passionnants tout ce semestre en psychologie sociale, avec une majorité de références féminines extrêmement intéressantes. Merci à elle.
(prochainement, un article sur tout ce qu'on m'a enseigné d'extraordinairement sexiste dans divers cours de psychologie)
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