Mon expérience quotidienne du sexisme ordinaire



Petit article cette fois peu en lien avec la psycho (même s’il ce sujet me semble important à conscientiser pour la pratique du psy).
J’ai décidé d’aborder la question du sexisme ordinaire aujourd’hui, car plusieurs discussions m’ont fait prendre conscience à quel point les gens sous-estime à quel point le sexisme est envahissant dans nos vies.

J’ai donc décidé de vous dresser une liste de mes expériences du sexisme ordinaire. Cette liste est longue et je fais pourtant partie des femmes privilégiées : je suis née dans un pays « développé », je suis blanche, je suis assez jolie ou en tout cas passe partout (pas en sur/sous poids, petite, châtain..), je suis valide, je n’ai pas été particulièrement conditionnée à des stéréotypes par mes parents, je suis issue de la classe moyenne avec un niveau culturel plutôt élevé, je suis intelligente et j’ai eu accès à des études longues… Tout ça m’a carrément servi et rendu la vie relativement facile comparée à des femmes n’ayant pas ces avantages.  Garder à l’esprit donc que ma liste est en réalité courte comparé à d’autres.

Voici donc une liste non exhaustive des expériences que j’ai vécu et je vis quotidiennement, exclusivement du fait de mon identité féminine.



Les sexisme ordinaire pour moi c’est quand…

 Compétences


  • Quand on s’étonne que je ne sache pas coudre
  • Quand on me dit que si je n’aime pas danser c’est que je dois me sentir mal dans mon corps (on ne dit pas ça à des hommes) 
  • Quand on suppose que je suis « naturellement douée » avec les enfants, alors que non
  • Quand on est super surpris que je ne cuisine pas au point de devenir "la fille qui ne sait pas cuisiner". 
  • Quand on part du principe que je ne sais pas me servir d’une perceuse, d'un marteau, de bricoler, de faire un minimum de plomberie (démonter/déboucher des tuyaux...)


Vie quotidienne

  •  Quand on m'appelle "ma grande" ou "ma petite" avec un ton paternaliste, ou qu'on me tutoie dans les commerces
  • Quand un mec nous arrête avec mon copain pour nous demander la route et ne lui parle qu'à lui en m'ignorant totalement
  • Quand un homme qui ne connait rien au féminisme et "ne partage pas mon combat" (je cite) m'explique comment faire du féminisme --> En arrêtant de parler sur fb des problèmes découlant du patriarcat 
  • Quand je me coltine des mansplainer de manière générale
  •  Quand ma responsable me demande mon avis sur la polaire rose mais pas sur la polaire verte « parce que c’est plutôt vous que ça concerne les filles ! »
  • Quand je me suis aperçue que je me faisais complètement avoir sur le prix de mes produits dit « féminins »
  • Quand je dois m’épiler
  • Quand on me fait des remarques sur mon poids (< à 50kg) ou sur ce que je mange
  • Quand je ne me sens pas suffisamment en sécurité pour rentrer seule chez moi, le soir.
  • Quand je regarde les femmes dans la pub
  • Quand dans les films/séries je vois : 
- Un seul personnage féminin plus ou moins important, qui n’interagît avec aucune autre femme ou alors que pour parler des hommes, 
- Des personnages féminins « potiches »/ stéréotypés / passifs
- Aucun personnage féminin (ou aucun important dans l'histoire),  

  • Quand vers Noël les magasins deviennent roses et bleus
  • Quand on me demande si c’est madame ou mademoiselle
  • Quand je dois m'écarter sur un trottoir parce que les mecs qui arrivent en face ne me calculent pas, ou que dans le bus un mec prend toute la place en écartant ses jambes (#manspreading)


Scolaire / études / travail
  • Quand on ne me parlent que des Grands Hommes de Lettres, d'Histoire, de Psychologie et pas des Grandes Femmes, pourtant nombreuses ...
  • Quand en cours de psychologie du développement on ne me parle que du lien de l’enfant avec sa mère (exit le papa), ou qu'en psychopathologie clinique infantile, tout est toujours la faute de la mère. 
  • Quand un de mes profs de psycho (toujours) m’apprennent que la femme a du mal à conjuguer son « rôle d’épouse », son « rôle de mère » et sa vie professionnelle quand elle en a une. Ou encore que quand les enfants partent de la maison, la mère « perd un peu sa raison de vivre »
(face à un amphi rempli à 90% de femmes qui ne sont pas là pour leurs loisirs)


Extrait de mon cours de psychologie clinique (freudienne) de L3
  • Quand je suis allée voir une conseillère d’orientation qui m’a fait passer un test de personnalité et qui avait un test pour les filles et un pour les garçons. Les filles présentant des compétences pour le domaine médical étaient orientées vers le métier d’infirmière et les garçons vers médecin.  
  • Quand dans une réunion avec 6 femmes et un homme, c'est l'homme qui parle plus de 60% du temps
  • Quand moi et des amies nous nous sommes faites harcelées sexuellement par un intervenant extérieur, au lycée, pendant plusieurs semaines et un week-end entier, et que le prof responsable (et ami) de l’intervenant a essayé de couvrir le truc en tentant (en vain) de m'intimider après que j'ai décidé d'en parler (pendant que mes amies et leurs parents se taisaient par peur d'avoir des problèmes).




Enfance 

  • Quand en primaire on jouait aux "gars attrapent les filles" mais quasiment jamais aux "filles attrapent les gars
  • Quand je me suis faite suivre par une camionette plusieurs fois en allant à l'école (primaire) et que j'avais déjà conscience que peut être quelqu'un voulait me violer. 
  • Quand je savais que les violeurs ne se cachent pas tous dans des camionettes, avant d'avoir 10 ans
  • Quand on m'offrait des barbies, des aspirateurs, des cuisinières, des robes de princesses, alors que j'aimais jouer dans la boue, grimper aux arbres, jouer aux voitures, faire des jeux de construction, chercher des fossiles, regarder des trucs au microscope, jouer aux indiens, être le prince dans les jeux de rôles...



Amis / famille

  • Quand dans un groupe de mec je ne peux pas en placer une
  • Quand systématiquement les mecs me payent ma conso même quand j’insiste, comme si j’étais une enfant
  • Quand à la fin d'un repas ce sont toujours (ou uniquement) les femmes qui se lèvent en premier pour débarrasser et ranger
  • Quand le groupe d’amis de mon mec essaye de me convaincre de venir en me disant « aller viens y’aura « Copine de X » », alors que je suis bien plus amie avec eux qu'avec la copine de X (seul point commun = être une femme)
  • Quand au bout de 3 ans, des dizaines de soirées et de conversations, certains potes de mon mec me voient encore comme « la copine de »
  • Quand aux réunions de famille on propose de l'alcool à mon copain mais pas à moi, et qu'on l'interroge sur ses études (scientifiques) mais pas moi (psycho)
  • Quand j'exprime une opinion contradictoire à celle d'un mec et qu'il me dit de ne pas m'énerver/ne pas faire l'hystérique, alors que je parle cordialement sans élever la voix.


Couple
  • Quand en soirée on me félicite pour la bouffe alors que tout le monde sait que je ne sais pas cuisiner mais mon copain si. Ou alors quand on me dit  discrètement après coup « mais tu l’as aidé non ? tu peux nous le dire hein »
  • Quand mon ex m'a sorti « arrête d’être aussi nympho » parce que j'ai dis que j’aimais faire l’amour.
  • Quand le même ex m'a dit de lui faire sa vaisselle puisque je n'avais "rien de mieux à faire" selon lui.
  • Quand je me rends compte que le fonctionnement de mon couple aujourd'hui, avec répartition équitable des tâches ménagères, mec qui cuisine / meuf qui descend les poubelles, n’est clairement pas très répandu dans mon entourage, toute génération confondue
  • Quand on trouve ça surprenant que je ne veuille pas changer mon nom pour celui de mon mari plus tard
  • Quand on trouve ça bizarre ou ridicule, que ce soit moi qui puisse faire une demande en mariage à mon mec


 



Sexualité
  • Quand on m’emmerde, me mate, m’accoste, me prend en photo dans la rue depuis mes 14 ans
  • Quand une rumeur court sur un mec avec qui j’aurais couché, que je me fais traiter de salope pendant des semaines et que des gens que je ne connais pas m’en parle encore plus de plusieurs mois après, pendant que lui est à peine au courant de ce qui se passe.
  • Quand, en seconde, des mecs ET des filles ont fait une liste des filles vierges de ma classe, sur fond de slutshaming
  • Quand un mec me dit « vous les filles » et s’ensuit des généralisations basées sur l’attitude de la fille qui lui a mis un râteau.
  • Quand on me dit que les hommes ont des pulsions qu’ils ne peuvent pas toujours contrôler, qu’ils ont des besoins sexuels plus grands que les femmes
  • Quand un gars me dit qu'il est ok pour une relation libre mais que de son coté, parce que ça le gène de partager mon vagin 
  • Quand un gars me demande si je "pourrais débroussailler en bas la prochaine fois" 
  • Quand on me dit que ce n’est pas malsain d’être attiré par des filles mineures car « elles n’ont pas un corps de mineure (si) et on y peut rien d’être attiré par ce corps, les hommes aiment les femmes plus jeunes »
  • Quand on me dit que toutes les filles aiment les mecs "comme ça" (généralement en se référençant à un stéréotype sur la virilité)
  • Quand un mec dit que si c'était l'apocalypse tous les mecs deviendraient des violeurs lui compris (???) 
  • Quand à 13 ans mon prof de piano me demande faire attention à comment je m’habille car cela le déconcentre (je m’habillais clairement comme une enfant de 13 ans, avec un corps d’enfant de 13 ans pas encore pubère)

Et cette liste ne va qu'en se rallongeant (littéralement, je la rallonge chaque fois que je repense à un truc) ! 

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